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samedi, 24 septembre 2011

Journal de bord

Amis du soir, bonsoir!

C'est Caprice, en direct depuis le pays de Galles, qui vous parle. Actuellement, je suis affalée dans mon duvet (les draps ne sont pas encore arrivés) et je m'ennuie en attendant que le premier épisode de Merlin charge. J'ai donc décidé de revenir sur mon bon vieux blog pour cette année à l'étranger. Ce sera un journal de bord qui me permettra de garder contact avec vous et de me sentir trop seul au pays des moutons. Et puis ça me fera une base pour mon rapport de mobilité que je devrais rédiger à mon retour.

Première chose importante, les dates. Je suis arrivée le jeudi 22 septembre. Les vacances sont le samedi 17 décembre. J'atterris en France le dimanche 18. Je ne sais pas exactement quand je repars, mais ce sera en janvier. Ensuite, j'ai des vacances du 31 mars au 22 avril (je reprends pile pour les présidentielles, yahou!), et je suis priée de rentrer manu militari le 2 juin après mon dernier partiel car la fac ne paie pas un jour de plus là-bas. Charmant, je vous l'accorde.

Avant de commencer à vous narrer mon épopée, je vous conseille de refaire un petit tour sur ma présentation, histoire de vous rafraîchir la mémoire. N'hésitez pas non plus à laisser vos grains de sel dans la colonne de gauche, histoire de me faire rire un peu! D'ailleurs, il faut que je l'actualise, cette colonne de gauche. Je le ferai après cet article, si Merlin n'est toujours pas chargé. C'est dingue ce que l'internet anglais rame.

Bon, passons maintenant aux choses intéressantes et reprenons depuis l'origine: en novembre 2010 (mon dieu, que c'est loin), j'ai eu l'idée étrange, déplacée, tordue, bizarre, de demander à partir en Erasmus. J'avoue, je n'y ai même pas réfléchis. J'ai fait les papiers, certaine de ne pas être prise. J'ai fait la demande sans même me demander si j'en avais envie, parce que comme pour mon Bac S, j'ai toujours su que ce serait une étape obligée. Dans mes trois choix: Londres, Aberystwyth, Southampton. Je prépare mon joli petit dossier, je l'expédie et j'attends que le temps passe.

Début janvier, le secrétariat Erasmus me prévient que les oraux de sélection auront lieu l'avant dernière semaine de janvier. Première réaction: quoi, mais depuis quand y a-t-il des oraux de sélection?! Puis, je me résigne, persuadée que si je les passe, je peux dire adieu à mon année d'échange. Mais le destin en a décidé autrement.

J'attends patiemment le mail du secrétariat qui n'arrive pas. Bon, je ne vais pas insister pour la torture. Je pars donc en stage de ski, la dernière semaine de janvier. Encore une idée très bizarre puisque j'y retrouve Loli, Florence, et y rencontre entre autre Martin et Héléna. Oui, vraiment bizarre. D'autant plus qu'il fait moins quinze en station et que j'oublie allègrement internet. Mais! L'invention divine se rappelle à moi par le plus grand des hasards et j'atteris sur ma boîte mail. Et là! Enfer et damnation, cette satanée fac a décalé les oraux d'une semaine et je suis censée être le surlendemain à Lyon pour parler anglais. Gloups.

Je téléphone immédiatement au secrétariat pour leur dire ce que j'en pense. Qu'ils pourraient donner la bonne semaine dès le départ et au moins envoyer les mails un peu en avance. Réponse? "Je me doute qu'il est bien plus plaisant d'être sur les pistes de ski que de passer un oral d'anglais, mais d'autres étudiants se sont, eux, déplacés pour passer cette épreuve et tous ne seront pas pour autant assurés de partir. Comprenez donc que votre candidature ne peux être retenue." Non mais que je lui en fiche, moi, de la plaisance! C'est (encore une fois), la fac qui n'est pas fichue de faire son boulot et c'est moi qui en pâtit? Hors de question! Je m'empresse donc d'embêter tout le personnel concerné par téléphone et mail. Mon prof de ski témoigne de ma bonne foi en envoyant un certificat de présence. Après plus de quinze jours, je finis par avoir gain de cause. On prendra ma note d'anglais du semestre 3 à la place de celle de l'oral. C'est un bol pas possible étant donné ma nullité à l'oral à cette époque! 

 

Plus rien ne se passe jusqu'à ce beau jour de mars où je reçois un mail du secrétariat m'annonçant que j'étais officiellement sélectionnée pour partir à Aberystwyth. C'est à ce moment que j'ai commencé à me demander s'il ne me manquait pas un boulon. Que j'ai réalisé ce que j'avais fait en remplissant ces papiers. Que j'allais vraiment partir. C'est à ce moment que j'ai commencé à avoir vraiment peur, à me dire que j'en étais incapable, que ce n'était tout simplement pas possible, qu'il fallait que je refuse. Et pourtant, j'ai accepté. On se demande pourquoi? Je ne sais même pas. Parce qu'il fallait finir ce que j'avais commencé, parce qu'il fallait aussi que je me force à partir pour voir. Juste voir ce que ça allait donner. Après tout, si à la veille du départ j'étais malade de peur, je pouvais toujours renoncer.

Bref, j'ai accepté. On pourrait croire qu'à partir de ce moment, tout irait mieux dans le meilleur des mondes, le plus dur était fait. Eh bien non, mesdames et messieurs, absolument pas! Au contraire, tout ce parcours semé d'embuches n'était que l'apéritif!

Je commence à regarder où est Aberys... quelque chose (oui, j'ai mis un moment avant de trouver comment on était censé prononcer ça) et je m'aperçois que c'est une toute petite ville totalement paumée au milieu des moutons. Panique à bord! A l'époque, je me disais que c'était la fin du monde, mais maintenant que j'y suis, j'ai réalisé que tout le Royaume-Uni est paumé au milieu des moutons, donc ça va mieux.

Bref, dans son gentil mail de sélection, Lyon 2 me dit d'attendre des nouvelles d'Aberystwyth (que j'abrégerai Aber dans la suite pour aller plus vite) qui devraient arriver d'ici mi-avril. Mi avril arrive, mais les nouvelles se sont attendre. Mai pointe le bout de son nez sans que je sois plus avancée. Lyon 2 nous dit que tout est normal, ils ont du retard administratif, il en va de même pour tous les étudiants Erasmus qui partent là-bas. Attendez une semaine encore, nous dit-on. Une fois. Puis deux. Pauvre étudiante naïve, je me dis qu'ils sont bien informés et contacte Aber pour avoir des informations à propos des cours. Réponse violente: "Ah, mais ma petite, si vous n'avez pas de nouvelles de nous, c'est que vous ne venez pas! On vient de décider de couper la moitié de nos échanges Erasmus!" Eh oui, visiblement la fac anglaise est aussi efficace que la fac française!

Apprenant ça, j'avertis mes trois camarades qui partent aussi et nous marchons contre le bureau Erasmus pour leur dire ce que nous en pensons. Et là, nous apprenons qu'ils savaient! Qu'ils connaissaient le problème mais qu'ils n'ont pas jugé utile de nous en parler! "On est en négociations", nous disent-ils. "Ne vous inquiétez pas, ils sont obligés de vous prendre car ils nous ont avertis trop tard qu'ils arrêtaient les échanges". Vu qu'ils nous disent toujours de ne pas nous inquiétez, vous vous doutez bien qu'on ne l'a pas fait! Nous insistons lourdement sur notre mécontentement; ah, tiens, le bureau Erasmus se souvient soudainement que si Aber refuse vraiment, ils se sont arrangés avec une fac Irlandaise pour qu'on y aille (là, j'ai prié pour qu'on soit refusées; raté). Nous écrivons une lettre au président; ah, tiens, Aber nous accepte le lendemain, quelle surprise! Tant pis pour l'Irlande. Dommage...

Nous envoyons donc nos papiers en catastrophe, deux jours avant la date limite. 45 euros les deux bouts de papier, merci Lyon 2, j'aurai du demander le remboursement... Mais, maintenant que nous sommes sûres de partir, vient LE grand moment, le truc atrocement stressant... le moment de chercher un logement! Après l'apéritif, nous avons eu l'entrée, voyons maintenant le plat principal!

 

Nous sommes début juillet. Je commence à fouiller sur les sites d'annonce, avec réticence, absolument pas confiante en mes capacités sur le sujet et assez désapointée parce que mes parents ne semblent pas vouloir m'aider. Oui, Papa, Maman, j'ai bien compris que je suis censée me débrouiller toute seule, j'en ai même envie, mais un petit conseil pour démarrer, ça ne serait pas de refus! Je n'avais jamais cherché un logement en France, alors faire ça à distance et en anglais... très drôle. Je m'aperçois vite que tous les sites sont payants et ne parlons pas de la rareté des annonces. Premier stress. Après le "comment ça marche?" nous avons le "mais c'est quoi ce vide intersidéral?" Ma mère finit par me conseiller de contacter les autres Erasmus dont j'ai eu le mail. Ce que je fais, disant que je suis à la recherche de colocataires pour trouver une maison car à plusieurs ça semble plus simple. La plupart me répondent "je suis intéressée, as-tu une maison?" (à croire qu'ils ne savent pas lire) et quand je leur réponds non, ils disparaissent. Ne reste que Guirec, un étudiant français, et un polonais.

Guirec est allé à Aber au début de l'été. On lui a dit qu'il ne servait à rien de chercher avant mi-août. On attend donc mi-aout, puisque c'est aussi à cette période que la fac doit décider ou non de nous donner un logement étudiant. Mais mi-aout, ahah, la bonne blague! La fac repousse les réponses au 12 septembre, soit dix jours avant le départ. Mais oui, bien sûr... Et moi, je commence à bosser au centre aéré toute la journée et suis donc incapable de chercher quoi que ce soit. Heureusement, SuperMaman vient finalement à la rescousse et cherche pour moi. Je profite aussi de l'aide de SuperCéline qui m'aide à téléphoner pendant notre "pause" (notez les guillemets) aux différents propriétaires des annonces que je trouve. Comble de malheur, tout est déjà prix. Rien de disponible. Stress maximal.

Et puis, notez bien l'ironie, ma mère me fait finalement remarquer que la fac a une page facebook pour le logement, que ça serait peut-être intéressant que j'aille voir. Persuadée que ça ne sert à rien, j'y vais et... Oh surprise! La fac fait passer TOUTES les annonces par la page Facebook. Donc, le prochain qui me dit que Facebook n'est pas incontournable passera donc par la fenêtre (et croyez moi, ici, il y a du dénivelé).

Finalement, coup de chance, un propriétaire nous redirige vers sa soeur qui a une maison à louer à Goginan, à dix kilomètres de la fac. 5 bus par jours... Je fronce le nez mais étant donné que je ne trouve rien, que la maison est neuve, tout fourni et la propriétaire très gentille, nous n'hésitons pas et sautons sur l'occasion. Guirec et Olivia, une autre françaises, viennent aussi. Bon, à trois, on arrivera bien à se débrouiller! Maintenant, je peux souffler, tout va bien. Nous sommes à trois semaines du départ.

Je croyais être totalement paniquée par le départ, mais en fait non. Je suis fébrile, un peu impatiente. J'ai un peu peur bien sûr, mais je n'ai qu'une envie, c'est partir enfin car j'attends depuis trop longtemps. Je n'ai jamais sérieusement envisagé de ne pas partir. J'y ai vaguement pensé, mais je ne l'ai jamais envisagé. J'avais pris ma décision depuis le début, quand bien même elle était effrayante.

 

Mais les ennuis n'étaient pas terminés! A J-5, ce cher Guirec m'annonce qu'il a une chambre étudiante donc qu'il ne prend pas la coloc. Ca-ta-strophe. Je me doute qu'Olivia n'a pas l'intention de rester et je sais que la propriétaire a du mal à trouver du locataire car la maison est bien trop excentrée. Résultat: je dois partir, et vite. Je ne peux pas rester toute seule, si isolée.  Panique à bord, j'ai eu sans doute la pire journée de ma vie (et franchement, je n'exagère pas), et il faut se remettre à chercher. J'appelle Céline en catastrophe, qui vient immédiatement m'aider, je ne la remercierai jamais assez. On appelle énormément de propriétaires. Que des réponses négatives, ou presque. L'un deux nous dit de lui envoyer un mail. Je le fais sans trop y croire. Je vais quand même à la fête d'Emma pour me changer les idées. En arrivant, je jette un coup d'oeil à mes mails. Miracle, le propriétaire me propose une chambre! J'accepte immédiatement, mais je ne suis pas tranquille. La maison est en plein centre ville, mais les photos ne sont pas terribles, elle ne doit pas être en très bon état. Je continue de chercher. Je ne trouve rien. Je stresse.

Avec le recul, ce stress est totalement exagéré, car j'avais quand même un endroit où aller le premier soir. Mais la maison avait l'air vraiment mauvaise, et je ne pensais pas être capable d'en trouver une sur place. J'essaie de me rassurer en me disant que ce n'est rien, qu'elle doit être acceptable, que je peux y rester. Même avec cette angoisse, je n'ai pas eu peur de partir. J'en avais envie, de faire enfin quelque chose par moi-même. Quelque part, c'était mettre la barre plus haut. Même avec cette histoire de maison, j'ai envie de relever ce formidable défi qu'est une année en Erasmus. De prouver, de me prouver, que je suis capable de partir un an toute seule, d'apprendre, de m'adapter. De m'ouvrir, de découvrir pleins de choses nouvelles, de mûrir par choix. De changer. Car c'est bien pour ça que je pars. Pour changer d'air, parce que rien ne me retiens vraiment à Lyon pour l'instant et que ça ne durera peut-être pas. Pour saisir l'occasion d'être adulte, dans un sens. Parce que c'est une chance effarante, un peu effrayante, mais que c'est justement ça qui vaut le coup. En fait, en Erasmus, on ne part pas pour apprendre. J'en ai parlé avec les autres français, on est assez d'accord là-dessus. On part pour l'aventure, pour tout croquer à pleine dent, même si c'est difficile.

 

Arrive le jour du départ. Le voyage ne pouvait pas mieux se passer (bon, les transports londoniens sont totalement hors de prix et on s'est débrouillé pour rater une gare mais ça n'a eu aucune conséquence). J'arrive dans la maison "de secours". GLOUPS. Vraiment pas top. Du plâtre qui tombe des murs, du papier peint qui se décolle, une gazinière qui sert à rien en plein milieu de la cuisine... Non, franchement, je ne peux pas rester, pas vu le prix. Je passe mon vendredi devant mon écran à la recherche de logement. Ne trouve rien. Tard dans la soirée, j'arrive à négocier avec le propriétaire de ne lui donner le loyer que pour une semaine. Encore plus tard, je trouve trois maisons à visiter le lendemain. Je déstresse (un peu). Passe la nuit seule dans cette grande maison vide. Ne m'en aperçois même pas, au moins, elle est bien chauffée!

Le lendemain après-midi, je visite donc la première maison. Là, c'est le coup de foudre. A dix minutes de la fac, le supermarché à côté, hyper propre, jolie même, avec un jardin, machine à laver et internet et trois colocs, pile le bon nombre. Je ne cherche même pas à visiter les autres, celle-ci vaut totalement et définitivement le détour. Le propriétaire, très sympathique, m'aide à déménager. Il m'aura fallu trente minutes seulement pour déménager. Tout s'est fait très vite.

OUF. Maintenant, je suis installée. Bon, la chambre est minuscule mais pas grave. C'est propre et fonctionnel et le reste de la maison compense. Plus qu'à personnaliser tout ça. En fait, mon adresse c'est "Miss Caprice, dans la plus petite chambre du 4 Privet Drive, Aberystwyth". Avant ça, j'ai rencontré quelques polonais très sympathiques (dans la maison d'avant, ils en partaient) qui m'ont invitée à une soirée hier. Bon, en fait, on l'a loupée, la soirée, mais on a bien discuté! Mon premier coloc est arrivé. Il parle tellement vite que je ne comprends rien, mais il nous a fait à manger. L'est sympa. Se retrouver avec la monnaie anglaise, c'est dur. Ils peuvent pas avoir l'euro, comme tout le monde? Et conduire à l'endroit? Le changement de température aussi est dur. Beuah. La ville est sympathique également, même si je n'irai pas souvent, je pense, vu que tout est au supermarché ou à la fac. J'ai fait quelques courses, que je dois terminer (niveau nourriture, les anglais... ahem). Je dois commander mes draps. Et demain commence la fac. Non, Aberystwyth, malgré toutes tes entourloupes, tu n'auras pas raison de moi!

Bref, je crois avoir tout dit. Merlin a fini de chercher et il m'attend!